Ça faisait bien une demi-heure que je marchais dans les rues sans trop savoir où j'allais. J'avais fini par arriver dans un coin assez reculé, le cimetière, endroit très très peu fréquenté et lugubre. Qu'importe ? Au moins ici je ne croiserais personne. J'avais passé une journée particulièrement pourrie, à cause de deux certaines hybrides. Je profitais du temps sec pour m'asseoir par terre sans trop me salir, dans l'herbe, à l'intérieur du lieu sinistre. Et maintenant, je ruminais les évènements de la journée. C'était tellement naze que c'en était risible, mais je ne riais pas. Je n'en avais pas envie, du tout. Juste une légère envie de... Pleurer ? Jamais. Mes larmes ne coulent jamais. Mais là... C'était déjà difficile à croire, alors en plus le digérer... C'en était plus que ce que je pouvais supporter. Je m'abandonnais à mes larmes, totalement dépassé par les évènements. "C'est quoi le problème ici ?!" pensais-je, en laissant l'eau de mon corps naître sur mes yeux puis mourir sur le sol.
"-C'est quoi le problème dans ce village ?..."
Je me demande ce qu'auraient pensé les gens s'ils m'avaient vu ici, moi, un sang-pur, en train de misérablement pleurer sur le sol, comme si tous les malheurs du monde m'étaient tombés dessus. Une petite minute... Je me lamentais, c'est une chose. Commencer à déprimer en est une autre... Je ne devais pas déprimer, allons bon !... Alors que je venais enfin de trouver un endroit sans conflits... Même si c'était dur, dur de supporter ce qui s'était passé... Je ne devais pas créer le moindre conflit ici. Je ne voulais pas que mes caprices fassent la moindre victime... Je n'avais qu'à éviter les endroits trop fréquentés au profit des rues sombres et désertes, et ainsi éviter que quoi que ce soit de fâcheux m'arrive... Et j'éviterais de m'emporter comme je l'avais fait. Je ne devrais pas lever mon katana contre d'autres habitants du village, je le sais... C'était un comportement digne d'un imbécile...
Quelque chose de différent dans le décor attira mon attention. Un... Morceau de tissu. Coloré avec ça. D'un magnifique bleu de glace, je m'avançais pour le ramasser. Me concentrer sur autre chose me ferait oublier ma journée. J'attrapais le petit morceau de tissu et le portait à mon nez, pour voir s'il avait une quelconque odeur. Une odeur sucrée... Douce et agréable, elle était réconfortante et collait parfaitement à la couleur de l'objet. À qui appartenait-il ?... J'étais curieux de le savoir. Pourquoi se trouvait-il ici ? Et puis zut, je décidais de le garder pour moi, comme s'il se fût agit d'un objet rare. Je fourrais le tissu dans ma poche arrière, et faisait demi tour, afin de quitter le cimetière glauque et regagner le pensionnat, légèrement soulagé d'avoir pu laisser ma colère et tristesse, douleur, souffrance, s'exprimer... D'un pas assez incertain et regardant loin, je franchissait les barrières donnant sur le village.