Cela ne faisait que quelques jours seulement que j'étais arrivé dans ce village. L'air y était plus pur que tout ce que j'avais pu imaginer, surtout à proximité du parc. Les gens étaient agréables, et je commençais à bien me plaire, malgré un sérieux besoin de remise à niveau question études... Forcément, après avoir oublié plusieurs années de ma vie, et parcouru les champs de bataille à la recherche d'un endroit en paix, je n'ai pas pu étudier quoi que ce soit.
Ce jour là, donc, je me dirigeais vers la pension, endroit que j'habitais provisoirement. La nuit commençait à tomber, normal, vu l'heure... Vingt et une heures quart. On était en été, et il avait fait très chaud. D'ailleurs, la chaleur de la journée commençait tout juste à s'estomper pour faire place à une douce vague d'air frais. Passant près du parc, je me rendis compte que je n'y avais jamais mis les pieds... La nuit gagnait du terrain dans le ciel, mais qu'importe ? Je passais donc la barrière qui marquait l'entrée, et regardais autour de moi. De grands arbres majestueux bordaient une allée de graviers bien entretenue, et une pelouse tondue à ras me faisait de l’œil. Personne n'était présent dans le parc, ni une, ni deux, je m'y allongeais, et profitais de la superbe vue sur le ciel qui s'offrait à moi. Les étoiles... Scintillantes et pures, je ne les avais jamais aussi bien vues. La pleine lune semblait se jouer de moi, immense disque d'argent dans l'océan de la nuit, me narguant, si haute dans le ciel que je n'aurais pu la toucher... Ce paysage me sembla tout à coup irréel. Je me levais, me demandant qu'est-ce qui pouvait bien faire que d'un coup, j'avais changé de regard sur ce qui m'entourait. Et je compris soudainement. Plus un bruit. Pas même du vent...
Soudain, un son attira mon attention. Un son provenant des fourrés à droite. Je m'y dirigeais afin de découvrir son origine, mais un craquement sur la gauche attisa davantage ma curiosité. Je regardais derrière le talus de gauche, mais, rien de transcendant ne m'apparut. J'en conclût donc qu'il s'agissait d'un animal. Je m'appuyais contre un arbre, riant de ma propre idiotie. Que pouvait-il donc y avoir d'autre dans ce parc que des animaux et moi à une heure pareille ? Vingt-deux heures trente. J'étais resté longtemps allongé, et, maintenant que j'y pensais, mon dos se trouvait endolori. Personne ne pouvait se trouver dans le parc à cette heure-ci. Les gens étaient sans doute chez eux, dormant ou bien s'adonnant à je ne sais trop quelle autre tâche. Enfin, c'est ce dont je tentais de me convaincre. Car si sympathique que je puisse le paraître (et encore, je doute d'avoir l'air amical), je n'appréciais pas trop la compagnie d'autres êtres... Sauf les plantes, et les animaux. Je décidais d'aller plus loin dans le parc, pour visiter un peu. Un autre bruit se produisit, du haut d'un arbre cette fois.
"-Bon, fini de jouer, si quelqu'un est là, qu'il se montre."
Mais personne ne me répondit. Forcément, mais quel idiot je faisait ! Sans doute un oiseau ou autres écureuils... Je devais être fatigué. Je suivais donc le sentier de graviers, presque certain qu'il y avait une autre entrée de ce côté du parc, bien décidé à retourner à la pension pour dormir un peu. Depuis combien de temps n'avais-je pas dormi, au fait ? Cela faisait bien deux jours... Pour tenter de rattraper, au moins un peu, le niveau d'études proposées dans le village. Enfin, j'apercevais une porte grillagée. Malheureusement, elle semblait fermée. Je faisais demi tour, et reprenais ma route, tentant de faire abstraction des divers bruits qui semblaient me poursuivre un peu partout, comme un cauchemar vous empêche de vous réveiller... Les bruits se firent plus fréquents, et je pressais légèrement le pas. C'étaient des animaux. Forcément des animaux... Enfin, je tentais de m'en convaincre. Étais-je dans un mauvais rêve ? Il me semblait que l'on me suivait. Et j’espérais avoir tort...